J. FOLLIS – FOLLIS – Marcel FOLLIS – FOLLIS Lyon
J.FOLLIS
1 chemin Rampon, 44 rue du Dauphiné et 10 à 16 rue Danton, LYON.
L’histoire de la marque FOLLIS n’est peut-être pas exactement celle qu’on peut lire ça et là. Deux témoins oculaires, un fils d’un des deux patrons de l’entreprise citée ci-dessous l’affirmait encore il y a quelques années, et un ancien coureur qui a effectué une grande partie de sa carrière chez FOLLIS témoigne encore actuellement :
« dans la première moitié des années 1930, Joseph (Giuseppe) Follis était employé, responsable de production, aux établissements MOREL & VANA qui fabriquaient des vélos à la marque FORTIS.
Ensuite, Joseph Follis s’est installé à son compte, rue du Dauphiné où il brasait des cadres dans une cabane en planches au fond d’un jardin ».
La proximité des rues de la Rize (FORTIS) et Danton (FOLLIS) qui se rejoignent, ainsi que la ressemblance des noms des marques ont peut-être semé la confusion ?
Un article de presse consacré à FOLLIS en 1954, que nous publions intégralement dans l’ordre chronologique, comporte une affirmation curieuse:
François Follis est né en Italie le 16 octobre 1911. Comment pourrait-il être artisan à 14 ans ? D’où la nécessité d’être prudent avec ce que l’on peut lire dans la presse, même « spécialisée ».
Vérifications sur des bottins du cycles que nous avons pu consulter:
FOLLIS ne figure pas en 1923, 1929, 1936, ni en 1937.
En 1931 il y a FOLLIX rue du Pensionnat qui est une rue qui croise la rue Danton et passe tout près de la rue de la Rize.
En 1935, il y a FOLLIX au 19 rue Danton, c’est à dire de l’autre côté de la rue par rapport à l’adresse certifiée de FOLLIS.
FOLLIS , FOLLIX furent-elles des marques différentes ou la même avec une faute d’orthographe ? Il semble curieux que cette faute ait perdurée, y compris après un changement d’adresse. La marque FORTIS évoqué par deux témoins oculaires serait-elle une confusion avec FOLLIX ?
Plus loin la même année est inscrite la radiation.
Dans la presse, en coureur :
9 juillet 1934, Criterium des ancêtres, 2éme Follis sans prénom.
5 septembre 1936, course des vétérans AVA-MAVIC organisée par le Vélo-Clud des Brotteaux, championnat de fond, Follis 52 ans, 31ème. Cela donnerait 1884 pour la naissance. C’est cohérent pour Giuseppe Follis.Dans la presse, en organisateur ou « mécène » ? :
10 mai 1934 est organisée « le premier coup de pédales Follis ».
4 juin 1936, le Vélo-Club des Brotteaux organise » le prix Follis », gagné par Ernest Schutz.Est-il dirigeant du VCB, (Président ou doyen, ou un particulier qui finance ces courses, ce qui expliquerait que sont nom leur soit donné ?
En 1934, serait-il déjà marchand, voire constructeur de cycles, non encore déclaré ?
Fait-il campagne pour annoncer la création prochaine de sa société ?
Joseph Follis fut enregistré à la Chambre Syndicale de l’Industrie des Cycles et Automobiles en 1935.
Le chemin Rampon, devenu impasse Rampon, ne débouche pas sur la rue du Dauphiné. Peut-être est-ce l’adresse familiale avant avant que Joseph Follis n’ait un atelier ?
Cette publicité, parue en 1936 dans la même revue, indique clairement que Joseph Follis fabriquait des cadres pour divers types de vélos qui sont précisés à la suite, mais ne permet pas d’affirmer qu’il livrait des vélos entiers.
Cependant, en 1932, François Follis, le fils, résidant à Lyon (sans plus de précision) avait obtenu un brevet en son seul nom pour « un système de perfectionnement aux changements de vitesses pour cycles « , commandé par le pied droit …
En 1940, c’est François-Marcel Follis qui revendique un brevet pour « un dispositif pour bloquer un tendeur de chaîne pour cycles et autre », délivré à la « Société Française d’Exploitation du Système Univel et de Mécanique Générale » située dans le Rhône.
A partir de 1945, François-Marcel Follis prend de nouveaux brevets en son nom.
Les plus anciennes plaques que nous connaissons ont les zones colorées opaques, avec un bleu clair.
Celle de droite correspond
probablement à l’installation rue Danton.
À ce jour, il ne nous a pas été permis de voir un vélo J.FOLLIS dont la configuration permettrait de le dater à coup sûr d’avant 1938.
La plus ancienne bicyclette que nous connaissons (ci-dessous) est équipée d’un dérailleur CYCLO du modèle dont la production commence courant 1938. Elle est munie d’une bague porte-plaque d’impôt devenue inutile en 1942 et d’une plaque de marque J. FOLLIS, sans adresse, (donc probablement rue Danton), à contours dorés. En quelle année Joseph Follis s’est-il installé rue Danton ? A-t-il livré la machine complète ou des cadre nu ? Sur le tube diagonal figure la marque d’un vendeur de La Croix-Rousse. Outre les poignées de guidon, le carter de chaîne manque. Sous la boîte de pédalier il y a le n° 170. Avec une production supposée, d’un cadre par semaine cela ne représenterait que trois ans et demi de travail.
Pendant la 2ème Guerre Mondiale, François Follis pris la direction de la Société et la développa vers une industrialisation de plus en plus grande qui l’amena assez rapidement à être la plus grosse production lyonnaise de cycles. La gamme couvrait tous les besoins depuis des bicyclettes très bon marché jusqu’à des machines de très haute qualité.
À droite, une publicité consécutive aux résultats de courses disputées en 1943 (extrait d’un dossier de La Vélocithèque consacré à André Mossière). À noter que parmi les coureurs cités, Georges Martin et Charles Sablière auront peu après leurs propres marques de cycles (voir les pages correspondantes).
Les marques peintes font supposer un manque de décalcomanie dû aux difficultés d’approvisionnement pendant la guerre ou encore un peu après.
Nous pensons que cette bicyclette est des années 1944 à 1947 incluses.
Les poignées de guidon, la selle, l’antivol et les pneus sont récents car cette bicyclette est toujours en « service ». Le catadioptre est de la taille obligatoire à partir de 1955. A l’origine, il devait y avoir un disque blanc si la machine fut vendue pendant la guerre, ou un plus petit catadioptre. Belle décoration du garde-boue arrière.
Dans les années 40 FOLLIS avait une solide équipe de coureurs qui gagnèrent de nombreuses courses.
À droite en 1946 : Georges Martin.
Pierre Baratin qui remporta la Polymultiplié de Chanteloup-les-Vignes en 1946, encadré de Monsieur Huret à gauche et de François Follis à dRoite. Georges Martin termina 4ème. La journée fut triomphale car Billet remporta également la catégorie « Randonneurs » avec cette bicyclette FOLLIS équipée de freins CHARREL :
Avec Girolat 2 éme, FOLLIS devança tout le « gratin » des artisans de l’époque.
Le Cyclotouriste de janvier 1948.
Ci-dessous un article sur le nouveau frein Follis et une publicité de l’entreprise Follis François pour la marque J. Follis. (Route et piste 19 octobre 1948).
On note également la création d’un lieu d’exposition à Saint-cloud.
De 1945 (ou 46) jusqu’à 1952, les machines les plus hautes en gamme étaient assemblées grâce à des raccords très réduits avec des pointes de renfort rapportées en haut et en bas de la douille de direction et sur les fourreaux.
Vélo de course
Randonneuse en 650
Vélo de ville en 650
Raccords, pointes et têtes de fourche (sauf à plaquettes) étaient toujours chromés.
Descriptif par Vacher du stand de chez Follis en marge des journées vélocio 1949.
Randonneuse J. FOLLIS de 1949 en tubes VITUS, dans le gris métallisé très légèrement bleuté « maison », avec les raccords de direction et la fourche chromés. Le dérailleur de pédalier Huret était une nouveauté. Dérailleur arrière CYCLO, moyeux MAXI-CAR, selle à monture dural et tige de selle dural non identifiées. A l’origine elle avait un catadioptre rond plus petit et un couple ROSA en dural (conservé par l’actuel propriétaire) remplacé par un T.A., dans les années 50, pour cause d’usure.
L’ensemble du freinage est marqué SECURITE, sauf le basculeur arrière gauche remplacé par un M.A.F.A.C.
Les jantes et les garde-boues MAVIC, ainsi que la potence CENTRIX sont des productions lyonnaises.
Cette bicyclette à beaucoup voyagé et longtemps (selle retendue et réduite en largeur par des cordons de cuir),
y compris à l’étranger. Derrière et en haut du tube de selle une petite plaque des Douanes Française est encore en place.
Le premier propriétaire de cette randonneuse était le fils de celui de la CHARREL dont on peut voir de nombreux détails par ailleurs.
Les documents ci-dessous permettent de dater les modifications de marquage des vélos.
Le Cycle du 5 novembre 1949.
Le Cycle du 25 mars 1950.
Le Cycle du 22 avril 1950.
Les zones colorées sont désormais translucides et le bleu est plus ou moins foncé. Au début de cette période il y a eu des contours dorés.
J. FOLLIS – FOLLIS – Marcel FOLLIS – FOLLIS Lyon
14 rue Danton, LYON, usine à CRAPONNE.
Un atelier de production avait été construit à Craponne et dès le début de 1950, on ne pouvait plus acheter directement chez FOLLIS. Il fallait passer par les nombreux agents exclusifs dont la marque avait développé un réseau important. Au milieu des années 50 l‘effectif de la société atteignit les 200 employés et la production des bicyclettes 6500/an, à quoi il faut ajouter celle des cyclomoteurs et motocyclettes.
Le Cyclotouriste de novembre 1951.
FOLLIS avait aussi beaucoup vendu de cadres nus à des constructeurs qui n’hésitaient pas à les rebaptiser à leurs propres marques, comme ci-dessous à droite ce tandem construit sur un cadre sans raccord mais tout de même à pointes, fabriqué par FOLLIS.
Afin de lutter contre cette dérive, une nouvelle plaque fut créée, dont l’efficacité ne fut pas suffisante…
…alors, en octobre 1950, au Salon du Cycle de Paris apparaissent de très beaux raccords de direction qui furent d’abord associés avec la tête de fourche utilisée depuis de nombreuses années, avec des pattes avant et arrière découpées dans de la tôle, et ensuite à droite, avec une tête de fourche simplifiée et des pattes forgées.
Le cadre à gauche ne porte pas de peinture rouge, est-ce d’origine ?
Désormais on ne peutplus masquer l’origine de la fabrication du cadre,
même lorsqu’il s’agit de sous-traitance pour une autre marque, ni du choix d’un propriétaire.
Voir ce vélo en entier plus bas.
Le Cyclotouriste de mars 1953.
Dans les années 50, les coureurs FOLLIS reçurent un maillot vert avec ceinture gris clair et la marque en rouge.
Nous ignorons si cela était l’inversion du maillot précédent.
A main droite un passe-vitesses SOUHART commande le dérailleur arrière SIMPLEX avec pour l’avant un ensemble CAMPAGNOLO Gran Sport comme les moyeux des roues à blocages rapides. Les freins sont des MAFAC.
Ci-dessus: André Mossière
124 victoires dont 65 en cyclo-cross où il fut 6 fois Champion du Lyonnais.
(5 victoires sur route, 47 en cyclo-cross et 4 titres sous le maillot FOLLIS).
René Remangeon
(à droite) vainqueur du prix d’Amplepuis 1954
devant son coéquipier Marcel Fernandez.
Tous les documents ci-dessous sont extraits de BUT,
CLUB-Le MIROIR des SPORTS et de MIROIR-SPRINT.
Tour de Romandie 1954: 1ère étape et classement général final.
Ci-dessus, un article publié le 24 avril 1954 qui montre bien le caractère industriel de FOLLIS et où l’on voit entièrement la voiture du « directeur » de course que l’on aperçoit suivant Jean Forestier au Tour de Romandie (Revue le Cycle)
Les vélos FOLLIS de contrat, comme celui de Jean Forestier au Tour de France 1954, étaient gris métallisé (très légèrement) bleuté, avec la fourche et les raccords de direction chromés. On voit très bien les dérailleurs SIMPLEX, les manivelles en acier, à clavettes avec l’adaptateur et les plateaux TA, les freins BEBOREX et les moyeux CAMPAGNOLO
à blocages rapides.
D’autres vélos étaient un peu plus modernes avec des manivelles dural à emmanchement carré et porte-bidon en fil d’acier, mais leurs émaillages plus colorés étaient moins élégants.
Paris-Roubaix 1955.
En début de course il fait beau mais frais. Jean Forestier porte une casquette de l’équipe de France et des manches longues. Pour se protéger de la poussière dans « l’enfer du nord » il a prévu des lunettes étanches.
Côte de Doullens, apparue depuis plusieurs dizaines de kilomêtres,
la pluie ne cessera pas.
L’ultime démarrage… Pour tenir le « haut du pavé », il faut rester sur le pavé du haut.
Fausto Coppi, 2ème. Forestier gagne Paris-Roubaix en 1955 sur Follis.
ci-dessus la vidéo de la course
Paris-Roubaix 1956.
Le puissant Normand Christian Fanuel fut très actif dans l’échappée matinale…..
…..Jean Forestier termina 3ème, battu au sprint par Louison Bobet et Fred Debruyne et devant Rick Van Steenbergen.
Tour des Flandres 1956
Forestier franchit victorieusement la ligne.
où il fut un « pilier » de l’équipe de France.
En novembre 1956 au Vel’ d’Hiv, sous le maillot de l’équipe de France, le cuissard n’est plus FOLLIS mais le vélo l’est encore.
sur la photo Roger Gaignard, Jean Forestier, Louison Bobet, André Darrigade et Jacques Bellenger.
A partir de 1956 (ci-dessous le FOLLIS de Roger Chaussabel « lanterne rouge » au Tour de France) la douille de direction devint bleue avec un manchon assorti au tube de selle et des décors tricolores, toujours sur le même gris métallisé, avec la fourche et les raccords de direction chromés, les freins BEBOREX et les dérailleurs SIMPLEX.
n°10 de mars 1957. Roger Rivière, encore amateur, gagna le Tour d’Europe 1956, avec deux victoires d’étapes et le classement du meilleur grimpeur.
Le vélo est anonyme, mais le manchon au tube de selle bordé d’anneaux tricolores fait penser à FOLLIS.
En dessous : dans l’hiver précédent
Roger Rivière avait posé pour le n° 11 d’avril 1957.
Les couleurs du cadre ne laissent pas planer beaucoup d’incertitude… Certes, une pompe Ad-Hoc (voir page éponyme) a pris la place du porte-bidon et le dérailleur de plateaux a disparu (probablement inutiles l’hiver) mais c’est bien la même machine … avec la plaque FOLLIS.
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C’est la même décoration que le vélo de piste de Jean Forestier au Vel’ d’Hiv.
Un vélo de course qui présente toutes les caractéristique structurelles, de montage et les couleurs des machines fournies aux coureurs, pro ou amateurs qui courraient pour FOLLIS-SIMPLEX à partir de cette époque. Le dérailleur avant apparaît en fin 1956. FOLLIS étant lié à SIMPLEX, on peut supposer qu’ils en disposèrent immédiatement.
Le grand cadre, le cintre, la tige de selle et surtout les manivelles STRONGLIGHT en acier et emmanchements carrés font que cette bicyclette est assez lourde, probablement destinée à un coureur puissant. Plus tard elle fut « déguisée » en WOLHAUSER.
Les trous pour les rivets correspondent à la plaque FOLLIS d’origine.
Freins BEBOREX et 2 manettes SIMPLEX à réglage de tension des câbles sur plots brasés.
Haut des haubans en pointes.
Dérailleur JUY 543 et blocages rapides SIMPLEX, dont celui d’arrière incomplet.
Sur les machines commercialisés la fourche chromée était en option. Evidemment , en plus de la présentation « équipe », elles disposaient d’une gamme étendue de coloris aux choix des clients.
Des freins BEBOREX furent marqués FOLLIS et d’autres aussi à tirage central, pour les vélos de ville, fabriqués probablement par PELLETIER,
29 rue des Farges.
Afin d’avoir plusieurs points de vente dans les grandes agglomérations, une sous-marque fut créée : IDOL.
Y-a-t-il eu des vélos à cette marque ?
Dans les années 50 nous avions vu l’attraction foraine ci-dessous mais n’avions pas le souvenir de cette publicité :
La production des machines motorisées prit fin en 1959, l’usine de Craponne fut vendue. Pour survivre, rue Danton, FOLLIS fabriqua ensuite des bicyclettes de plus en plus basses en gamme…
FOLLIS Marcel
163 Grande-Rue, OULLINS.
Fils de Joseph Follis, né le 29 avril à Alpignano
(région de Turin) en Italie, naturalisé Français le 24 mars 1939.
ll créa sa propre affaire en prenant la suite des Cycles FIOL
dont la fabrication de porte-bagages fut une grande spécialité ……
Le Cyclotouriste mars 1949.
À la fin des années 60, FOLLIS Frères, 17 avenue Gladel à CRAPONNE construisit deux très belles voitures de course et proposait des pièces détachées spéciales pour autos de course et prototypes.
FOLLIS LYON
10 rue Danton, LYON.
En 1973, Myriam Follis (fille de François-Marcel) et son époux Jean-Claude Chollet reprirent l’activité sous forme d’artisanat de haut niveau.
Les premières plaques étaient rivetées, ensuite elles furent autocollantes. Certaines machines ont reçu des plaques brasées et chromées qui étaient des anciens raccords du haut découpés.
Dès le début de cette nouvelle structure un catalogue pour l’export fut édité :
Les années 80
Article tiré de La revue Le cycle – Octobre 1981
L’article ci-dessous extrait de la revue « Le Cycle » en 1992.
Ci-dessous le catalogue 1993 avec une gamme complète des vélos sur mesure.
1994/1995 – Ci-dessous une randonneuse diagonale de chez Follis entièrement soudobrasée en tubes 753 typique des années 90, avec tous son dossier d’origine.
ci-dessous le dossier complet du vélo, vendu 10.840 francs en 1995, soit environ 2500 euros en 2022, par certain d’avoir ce niveau de qualité aujourd’hui pour cette somme.
2006 fermeture de l’entreprise, la marque reprise en 2007 mais sans suite…